Face à la page blanche, que de belles choses à raconter…
Inscription effectuée un an à l’avance car triathlon très prisé. S’enchaîne rapidement l’organisation pour le logement, la famille car les copains qui ont fait le déplacement l’an dernier me disent que ce n’est pas évident surtout pour se retrouver à proximité de ce bel évènement.
Passés quelques mois, tout se goupille… famille, enfants, logement et ne pas oublier location gros véhicule (SIXT « c’est quiiiii le patron »)
Bref les mois défilent… tout à réellement commencé le lendemain du Marathon de Barcelone où j’ai fait le meneur d’allure pour ma chérie.
Donc nous voilà mi-mars, mise en place du plan d’entrainement J-3 mois ½… Le minimum syndical !
On passe rapidement les 3 mois. Doutes interrogations (Juju, est-ce que tu n’as pas démarré un peu tard ?!)
Piscine, lac, mer, Alpilles, Ventoux, Besac chez beau papa et belle maman, Carca, Istres… dans tous les sens MDR
En famille ou en amoureux les moments de détente à l’entrainement, les allers se font en vélo et les retours en voiture.
Merci à ma moitié pour sa patience et sa fan attitude !
La prépa se déroulera à 98% seul ou accompagné de ma perle ; uniquement 2 sorties sur la fin avec Seb TERTRAIS, avant qu’il ne lui arrive tous ses malheurs (et vivement qu’on remette ça ;-) ), où l’on se fera de beaux relais en direction des Alpilles. Et une autre spéciale où j’ai retrouvé les copains du club sur un très joli parcours également, super météo et beau partage.
On y arrive, fin de prépa, anniversaire, quelques tapas, une petite Despé de temps en temps… toujours un peu d’anxiété à chaque gorgée MDR mais merde ! Il faut vivre aussi et la vie c’est ça !
Boulot… 1 milliard de questions… des collègues qui hallucinent sur ce sport de fou et voilà les congés (on va appeler ça comme ça LOL)
On a récupéré maman de Carcassone à la gare et la petite triplette s’impatiente.
Réveil nocturne, départ direction l’Autriche, Klagenfurt (rien que le nom me fait vibrer). Relais avec ma chère et tendre, France, Italie, Slovénie, Autriche… Nous y voilà !
Maisonnette sympa au fond d’un petit village du nom de Gallizien.
Autriche, magnifique, splendide, propre, les gens sont extraordinairement respectueux.
Je continue d’entretenir le cardio les quelques jours qui restent. Nous rentrons progressivement dans le vif du sujet. On part pour récupérer le fameux dossard, direction le village IRONMAN.
Sur place que dire… un enfant qui entre dans le parc Disneyland ! L’incontournable tente, boutique où règne le label IRONMAN ; On va résumer car rien que là j’en ferai un roman LOL et puis ce jour-là pas vraiment la tête à faire des emplettes (sauf les filles MDR). Les triathlètes se croisent et se scrutent.
Premier coup de pression, la famille étant inscrite sur toutes les épreuves IRONGIRLS, IRONKIDS et IRONMAN.
Enfer et damnation le nom de jeune fille de ma maman et mon nom se sont mélangés. Dans le mic-mac tout fini par rentrer dans l’ordre et d’ailleurs ils sont tellement débordés qu’au passage ils me donneront un second sac (trop bienTrop bien, je prends ça comme un dédommagement).
Petit tour d’horizon sur les 3 jours qui précèdent la course… petite baignade, la dernière sortie natatoire et running sera restée en France. J’effectue seulement 2 petites sorties de santé sur mon fidèle destrier manière de vérifier que tout ça répond bien au niveau machine et physique. Jusqu’ici RAS comme j’aurais répondu dans mon régiment à l’époque.
La seconde sortie reliera Gallizien à Klagenfurt pour assister au briefing choisi en Anglais plutôt qu’en Allemand sinon je serais encore en train de courir. Briefing auquel mon Anglais école m’aidera quand même pas mal sauf pour 2 boutades du speaker sur lesquelles tout le monde pouffera de rire sauf Juju (petit sourire nerveux).
Ça démarre, dépose du vélo au parc où j’ai l’impression d’avoir une bicyclette des années 30… que des avions de chasses !!!! Du carbone à foison, des équipements d’un autre monde, des roues pleines… vraiment 90% de machines de guerre, c’est beau mais ça fait peur !
Je dépose la mien, je dégonfle les roues, je lui parle… (et oui ). Dépose des sacs transition bike and run et maintenant il ne faut plus tarder ! Me voilà baguer (puce à la cheville).
Dernier préparatif dans la maison d’Hansel et Gretel LOL (Trop belle la baraque)
Voilà, on y est, demain c’est le grand « Jour » (ne pas mettre le cardio, il va péter). Dernier repas consistant, pâtes, pâtes, pâtes, malto, pâtes, pâtes. Des belles escalopes panées faites par ma maman me passent sous le nez pour les filles.
Jour J : Réveil 3h30 (enfin si on peut appeler ça réveil car pas beaucoup dormi, la pression je l’ai eue mis pas bue pour une fois). Tête dans le cul… un peu dans ma bulle, j’ingurgite Gatosport, café Italiano ; La maison se concentre sur moi. Tout ce petit monde réveillé, on démarre, Klagenfurt Worthersee nous voilà !
AU bord de ca lac magique, on s’équipe, on s’échauffe, quelques sourires nerveux, la boule au ventre (quand même).
Les SAS natation comme a dit le speaker, il y a les dauphins, le reste du monde et les poulpes.
Dilemme matinal et petite hésitation … dans lequel se placer…
6h40 Musique, explosion les pros sont partis.
6h50 Juju dans le jus (dans le SAS) les derniers bisous avant le départ de cette longue journée, quelques regards en famille qui en disent long, quelques larmes d’angoisse que papa, mari et fils essaie de réconforter (sentiment d’arrachement) Sois fort ! Je m’engouffre au milieu de tous ces bonnets bleus et AWA (ceux-là sont impressionnants mais finalement… SMILEYQUITIRELALANGUE) ;
Moment de folie, je décide de passer la barrière pour prendre le premier SAS. Regard, sourire, boutades (dans toutes les langues) 69 nations représentées (environ 70 français à l’arrivée).
On rince les lunettes dans un bac. La voix du speaker résonne, les départs sont filtrés, 8 triathlètes toutes les 5 secondes.
« Thunderstruck » d’ACDC démarre (frissons assurés, les poils !!!) famille perdue de vue beaucoup trop de monde.
Concentré à bloc (Vous devriez écouter ce morceau à bloc pour lire la suite).
Je me faufile, les bénévoles nous stoppent côte à côte, prêts à en découdre avec cette épreuve mythique.
5…4…3…2…1… Gooooooooo
On court, on s’enfonce dans cette eau magique couleur émeraude telle une patrouille d’avions. On remonte le paquet de devant. Commence alors le « swimfight » coude, pied, chopage de chevilles, regards furtifs avec le lever du soleil.
Je me concentre, technique, trajectoire, nager à l’économie (surtout ne pas laisser de plumes). J’arrive sur la grosse bouée Ironman au large à la corde, les paddles, pédalos, bateaux et autres embarcations nous accompagnent. On se fait une place comme on peut, pas toujours évident de doubler, pas grave, restons dans le sillon des frères nageurs.
Longueur, largeur, retour menton relevé, à l’horizon le canal, où s’effectue le dernier kilomètre, fait son apparition.
On rentre dans l’entonnoir et quel bonheur d’apercevoir (je ne pensais vraiment pas ça possible vu la foule). Sur la berge, mon petit harem qui me suit ! Rester appliqué, ne t’enflamme pas. Des gens de partout, le rythme est là, y a plus qu’à sortir de l’eau.
Dernier virage dans les nénuphars. Les bénévoles tendent les mains pour nous aider à sortir, CHECK natation, tapis rouge devant nous ! Lucide je regarde la Garmin 3,903 km/ 1h04. Première satisfaction, surtout au niveau du ressenti (je ne suis pas entamé)
Les voix de ma troupes retentissent ! Aller papa ! Aller chéri, Aller Ju ! Chair de poule !
Première transition assez longue car le parc à vélo est situé de l’autre côté de la route mais je positive car ça met en canne pour la suite.
Récupération du premier sac bike bleu, enfilage casque, chaussettes… le vélo est téléguidé, je le pousse au cul, il trouve la sortie tout seul. Passé la ligne arbitraire, c’est parti pour la deuxième épreuve 180 bornes (2 boucles de 90 km).
Je calme le cardio car adrénaline + spectateur + démarrage = palpitant au taquet.
Concentration et régularité seront les principales règles de ma journée. Quelques gorgées de boisson iso, un gel pour réalimenter la machine et je prends tout doucement mon rythme. Le parcours vélo roulant (à ne pas confondre avec parcours plat). La première partie le long du lac est très rapide, la moyenne grimpe, je suis à 34/35 km/h de moyenne (j’ai presque cru que c’était la température). Ça défile, je double, me fait doubler… Des avions me déposent, ils doivent rouler à plus de 40 km/h. Ju sois sage et raisonnable, ce n’est pas un sprint ou un half, la journée commence à peine et pense que tu as un marathon derrière. Je me régulerai avec ces paroles tout le long des 180 bornes.
Quelques vallons commencent à pointer leur nez, ça passe (même sur la plaque). Une première jolie bosse, je reste raisonnable, je scrute le braquet des autres concurrents, la ^laque tombe, on passe un peu à gauche pour garder des jambes (il ne faut pas que ça pique trop). Le vent est présent depuis le début de la journée mais après quelques entrainements face à notre bon mistral, ça passe.
Première bonne difficulté tant redoutée que l’on prendra à deux reprises, la fameuse côte de Rupertiberg, un pourcentage sympa, des encouragements inscrits sur le bitume, un public extra , les encouragements de la journée seront sous la forme « hop hop hop hop super Julien » ou plutôt « Soupèr Jouliane ». Sue ce coup-là, je me sens l’âme d’un grimpeur, debout sur les pédales, j’envoie la sauce et ça passe à merveille, personne ne suit. Je grimpe à gauche de la route et mon gabarit m’avantage, les jambes sont bel et bien présentes. Petite anecdote l’avant-veille sur la reco du parcours, j’ai laissé une pièce dans un petit puits en haut de cette difficulté ...
Le parcours s’enchaine, les kms défilent, j’arrive à stabiliser ma moyenne, certains roulent en paquet (quand le chat n’est pas là…) mais la plupart respecte les distances et les arbitres sont omniprésents, quelques pénalités fusent mais dans l’ensemble, ambiance très pro.
Après la bosse, une voix m’interpelle « Aller Joulien » Guido, un argentin vient à côté de moi, me montre son dossard avec un grand sourire, drapeau argentin, vive la France !
Passage pour la seconde boucle du circuit, la famille est là, j’arrive à taper dans les mains, ça fait chaud au cœur, ça remotive pour la suite, check le mental est là et bien encré.
La deuxième boucle se passera aussi bien que la première, 11h15 quelques TUC salés, je pense à l’apéro, mon palet se régale, je positive, je pense à la famille, aux amis, aux copains, à ce que je suis en train de réaliser, à tout ce qui m’attend après…
Arrive la nouvelle surprise, je doutais de réussir à poser le vélo en 6h0, affichage du compteur 5h49 / 31 km/h de moyenne. Nouvelle montée d’adrénaline, le moral est au plus haut niveau, c’est bon pour le marathon ça !
Arrivée dans la ligne droite, direction le parc à vélo, je déchausse tranquillement, descente dans les règles, un arbitre m’envoie même un « perfect Julian ». Petit moment de désorientation, on rentre de l’autre côté du parc, chose que je n’avais pas anticipée. Pas de panique, je repère mon allée dans ce parc immense, je pose mon ORBÉA adoré, coupe mon compteur direction la tente de transit bike/run. Je fais une halte aux toilettes, ma vessie va exploser, ce n’est pas du luxe et puis c’est le signe d’une bonne hydratation (positive attitude), pipi terminé, on enchaine.
Tenue du parfait petit coureur, toujours dans une bonne lucidité, j’appuie sur les laps triathlon de ma montre, transition pas trop dégueu. L’organisation et les bénévoles sont à fond et super sympa « good luck ».
La voilà, l’ultime épreuve : le marathon, dont beaucoup ont oublié l’existence pensant peut-être que l’on participait au tour de France cycliste.
Démarrage avec les deux fameux parpaings à la place des jambes mais le mental va vite rétablir tout ça car j’ai un ressenti et une fraîcheur à laquelle je ne m’attendais vraiment pas, les deux premières épreuves se sont particulièrement bien déroulées, à des allures correctes et physiquement je suis toujours là !
Je recroise à nouveau les amours de ma vie Sourire et fraîcheur sont au rendez-vous. Je passe sur une base correcte et régulière. Le soleil est toujours là depuis la deuxième boucle du bike. Il va falloir hydrater la machine et l’entretenir pendant les heures à venir. Tout se joue maintenant, à cet instant j’ai une pensée pour quelques amis dont j’admire l’expérience Georges FINO, Patrick DALLA BARBA, Henry LOTTARI, Stéphane GARY, Marc HUREAU… des personnes avec de grands et précieux conseils !
Je remonte pas mal de monde, je m’aperçois que beaucoup ont laissé leurs cuisses sur le vélo. C’est énorme comme ça aide !
Les bornes kilométriques défilent, le plus dur c’est de lire les kilométrages du deuxième semi quand tu n’es encore qu’au premier. La traversée du parc (où est situé le départ et l’arrivée) se fait sur un petit nuage tellement la ferveur du public est présente.
Les deux extrémités du parcours sont plus longues, le marathon étant comme le vélo avec 2 boucles identiques. Le soleil tape, heureusement les ravitos sont super bien placés et les Autrichiens d’un soutien implacable.
Des enfants nous arrosent, nous tendent des éponges. Je reste concentré, les yeux rivés sur mes allures et mon cardio qui ne s’affole pas.
Demi-tour en centre-ville sur les pavés, les restos, le public, des grosses chopes de bière sur les tables, les matchs de la coupe du monde et, au milieu de ce décor, les triathlètes dans leur longue, très longue ligne droite. Une place magnifique où pend une cloche. À tour de rôle on la fait sonner, un rien peu changer les idées.
Un porche avec des odeurs de bouffe (ça c’était très moyen !) puis retour le long du canal dans lequel nous avons barboté le matin, passage sous des passerelles, ça descend, ça remonte, ça pique un peu, beaucoup marchent, petit test, ça passe je monte en courant, fort dans ma tête, plus rien ne m’arrêtera, je songe aux entrainements, aux concessions, à l’avant, à l’après, à tous ceux que j’aime, cela m’accompagne au deuxième semi, mes filles, ma femme, ma maman sont là, elles sont plus que jamais avec moi.
Je repars pour ce dernier périple, au passage du semi, un russe se cale dans ma foulée, je le tire, on cavale l’un derrière l’autre puis côte à côte, même foulée, même respiration, même souffrance aux ravitos, l’un ne repart plus sans l’autre (expérience unique) ; Ce gars-là a la mentalité que j’aime, comme deux frères d’armes, on se dirige vers le Graal. Plus rien ne nous ralenti, on remonte encore, droite, gauche, sans un mot, mais le silence en dit long à part le « GO » à chaque redémarrage de ravitaillement (puis le russe, c’est pas mon fort LOL).
Les voilà, les derniers kil, ils sont là, cette fois sur les bornes c’est les bons ! Les douleurs disparaissent, un seul petit tiraillement dans le mollet me titille mais je fais abstraction et puis c’est moi qui commande !
La foulée se fait de plus en plus légère, je replace mes bras, mes genoux, le bassin, tout ça bien gainé, je relève la tête, je suis fier, je sais ce qui m’attends derrière tous ces chapiteaux, j’ai retourné ma visière (ça c’est signe d’épreuve qui s’achève). Me voilà dans le tournant où sont placés les gradins et l’arche Ironman, il faut d’abord passer une première fois dans la contre-allée, je vois ma tronche sur le grand écran, tape dans quelques mains, putain j’ai une belle foulée (on dirait un 10 kil MDR). Direction le demi-tour au bord du lac, pour revenir et rentrer dans l’arène. Je rentre, regarde la foule, l’arche, mes amouuuuurs, putain le chrono sub 11 !!!!
Je cavale, frappe encore dans les mains, le speaker hurle mon nom, me tape dans la main, les pom-pom girls.
Je fonce vers les miens, mes beautés, mes amours, mon sang, ma vie, je suis heureux, fier, l’émotion me submerge, je relance ma foulée et trouve la force de sauter pour toucher mon chrono affiché au-dessus de l’arche Ironman.
La phrase tant attendue retentie dans les enceintes à bloc : « YOUUUUUU AAAAAARE AN IROOOOOONMAAAAN ».
La médaille autour du coup, une binouse à la main, 3h54 marathon, 10h59, chronos inespérés, inattendus, je ris, j’explose en sanglots dans les bras de ma chérie, j’embrasse ma famille qui est là, ça c’est fait !!!
Un gros merci d’abord à ma famille pour m’avoir supporté toute cette longue journée éprouvante, merci à mes amis, copains, collègues je vous embrasse tous très fort. Juju
